ESAIP : Bonjour, et merci de me recevoir. Vous êtes un ancien étudiant en Master Chef de Projet International en informatique. Pourriez-vous me parler de votre parcours à l’ESAIP puis de votre parcours professionnel ?
Morgan : Je suis de la promo 2010 SEP de l’ESAIP. J’ai effectué mon stage de fin d’étude à Orange France Telecom dans la partie technique. J’avais plusieurs responsabilités dont la partie régionale HSE Pays de la Loire. A la fin du stage et suite à mon diplôme, j’ai poursuivi mon contrat avec Orange France Telecom pendant 4 mois mais ils n’avaient pas d’offre correspondant à mon profil.
J’avais alors une réelle volonté de partir à l’étranger. Après avoir quitté France télécom j’ai donc recherché un travail correspondant à mon projet professionnel. J’ai trouvé beaucoup d’offres et passé beaucoup d’entretiens mais mon choix s’est arrêté sur Véolia. Je suis donc partie faire un VIE à Abou Dabi pour une durée de 12 mois. Après 3 mois de VIE, l’entreprise m’a fait part de son envie de renouveler mon VIE, mais j’ai finalement signé en contrat local illimité.
Je suis resté avec Véolia pendant 3 ans et demi. Durant cette période, j’ai occupé plusieurs postes. J’ai débord été responsable QHSE sur Abou Dabi, je devais mettre en place les règles HSE sur plusieurs sites clients. Ensuite mes responsabilités se sont étendues à tout le pays. Enfin, je suis devenu responsable sur le territoire du moyen orient (Arabie saoudite, Qatar, Liban, Oman).
En 2014 l’entreprise JOTUN, spécialisée dans la vente et production de peinture, m’a débauché. J’ai donc intégré cette entreprise en tant que régional HSE Manager.
J’avais alors 2 rôles :
- Assurer l’interface avec la maison mère en Norvège. Nous sommes une équipe de 6 managers HSE, positionnés dans le monde entier dans le but de mettre en place un système de management.
- Une fois le système défini, je devais le mettre en œuvre et mettre en place les standards de HSE dans ma région Moyen-Orient / Inde / Afrique (18-19 pays dont le Bengladesh, l’Egypte, l’Afrique du sud, le Maroc, l’Algérie, le Kenya, l’Iran, etc.).
Dans la région que je gère, il y a 14 usines de production dont une actuellement en construction. Je dois donc mettre en place les systèmes de management mais aussi m’occuper de la sécurité sur le chantier (800 à 900 personnes sur un an). Il y a également une grande partie d’audit à effectuer en dehors de ma région (Philippines, Chine, Brésil, Canada, Russie, Malaisie, Australie, etc.). J’ai enfin beaucoup de réunions car le management scandinave est basé sur les personnes et la coopération. J’organise ainsi des meetings sur ma région avec les responsables HSE des autres régions.
Ce travail me permet d’apprendre beaucoup, d’approfondir mes compétences et de rencontrer beaucoup de personnes intéressantes. Cela m’apporte également une grande connaissance culturelle. En effet, les règles de la Norvège sont très différentes de celles de la Corée ou du Kenya ! C’est parfois compliqué de s’adapter aux différences culturelles, mais je pense que cela dépend tout d’abord de la personnalité des individus.
J’aime le fait de ne pas avoir de journée type. Je passe environ 5 à 10 jours au bureau par mois, sinon je suis en déplacement. J’ai l’opportunité de faire beaucoup de voyages, de visiter plusieurs chantiers, et d’avoir quantité de discussions enrichissantes avec des responsables de départements.
ESAIP : C’est un beau parcours pour un si court laps de temps ! Quels sont les avantages et les difficultés que vous rencontrez dans le fait de travailler à l’étranger ?
Morgan : Plus jeune, je souhaitais visiter tous les continents en passant 2 ou 3 ans sur chacun d’entre eux. Mais je suis tombé sous le charme de la vie et de la ville de Dubaï ! Cependant, je pense rentrer très prochainement en France. Je songe notamment à monter ma propre entreprise, afin de relever de nouveaux challenges.
A Dubaï, j’ai rencontré quelques difficultés. En effet, les journées peuvent être fatigantes et l’adaptation au climat de Dubaï peut être difficile. Durant les 3 mois d’été, il fait plus de 50° à l’ombre ! La vie est extrêmement chère également. Mais c’est une vie à 100 à l’heure, portée essentiellement sur le business et le travail. Je passe également énormément de temps dans les transports et à effectuer toute la paperasse liée au voyage. La compétence la plus importante pour travailler à Dubaï est donc l’adaptabilité mais aussi la patience. On peut également se sentir un peu seul parfois, par exemple, nous ne sommes que 5 français sur 10 000 personnes dans mon entreprise. Nous parlons donc uniquement en anglais. Une semaine après mon arrivée a Abou Dhabi avec Veolia, on m’a demandé de faire un audit en anglais ! C’est donc une vie pleine de défis mais dans laquelle on ne s’ennuie pas.
Bien sûr, travailler à Dubaï apporte aussi beaucoup d’avantages. Si l’on s’en donne les moyens, on peut très rapidement monter en compétences. En 7 ans, je pense avoir obtenu ce qu’en France on peut obtenir en 30 ans. Tout le monde peut bâtir une carrière à Dubaï si l’on accepte la charge de travail conséquente que cela amène. L’un des autres points importants est la maitrise de l’anglais, ce qui est un gros plus sur le CV. Enfin, travailler à l’étranger, et dans mon cas aux Emirats Arabes Unis, apporte une large ouverture d’esprit. Ça peut être difficile d’accepter le climat ou les grandes différences culturelles, cela demande un grand respect. Enfin, il ne faut pas le nier, les salaires y sont très attractifs.
ESAIP : Effectivement, cela ne doit pas être facile tous les jours mais très enrichissant. Avez-vous des conseils à donner à nos jeunes esaipiens qui seraient tentés par l’aventure à Dubaï ?
Morgan : D’après mes diverses expériences, je pourrais leur donner deux conseils qui me semblent importants :
- La flexibilité tant au niveau du travail et des horaires qu’au niveau de la culture ;
- Et le fait qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles ! Tout est possible oui, mais il est nécessaire de laisser le temps au temps, d’être patient et de se donner les moyens de réussir (beaucoup de boulot, accepter tous les voyages même si c’est dans des pays où la sécurité n’est pas garantie à 100%). Comme le dit le proverbe : « Après l’effort, le réconfort » !
ESAIP : l’école fête ses 30 ans cette année ! Pour vous, avoir 30 ans qu’est-ce que cela signifie ?
Morgan : Pour moi, avoir 30 ans c’est le début de ma carrière. C’est un élargissement des horizons.
Merci Morgan pour le temps que vous m’avez accordé et cet échange passionnant ! Nous vous souhaitons beaucoup de réussite et un bon retour en France !
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